mercredi 30 novembre 2016

himself

Ma vie charivari, et lui, jugeant sans cesse ma souffrance et étiquetant mes plaies. Ce silence qui a déjà dit les milles reproches. Ses mots durs, ses absences de regard, ses paroles destinées à d'autres mieux sans doute, plus conformes, plus normées, plus loin, sans lien. Comme si ma petite vie n'avait pas d'importance, d’intérêt dans ses petites affaires.... Ses affaires de voiture chères, de canapés chers, de restaurants chers, de vacances chères. 

Ma vie ne vaut pas chère, c'est sûr. L'économie des sentiments. Ne rien donner.

Le portrait cassé de la Fille. 
Le portrait craché de sa fille.

Tant se ressembler et tant se méprendre, se méconnaitre, se médire.
Détester son univers puant, médiocre, inculte, mesquin, raciste,
Lui, détester mon arrogance cultivée. Ma friche intérieure et mes cheveux en bataille. Garçon manqué, père raté.

Quelle pauvreté humaine. Tout le sens est là. 
Dans l'ascèse relationnel. 
Consommer pour ne pas penser à la pauvreté filiale. 
Refuser son rôle. Que sans doute, on lui a refusé. 
Il n'a pas su dire, faire.  
Oublier la filiation par dépit, par soulagement peut être.
Et après l'aigreur d'estomac. 
La colère dissimulée. La mise à distance, le désintérêt 
et sans doute aussi, une vie faite de deuils, de pertes, de regrets, de bidouilles, de méchancetés du quotidien.

Lui, mon miroir froid. Il mange autant qu'il est vide.

Jules.

vendredi 25 novembre 2016

Loneliness

Ne pas aimer être seule.
La solitude, ca me fait chier.
Travailler seule, ca me fait chier.
Dormir seule, ca me fait chier.
déjeuner seule ça me fait chier.
Me coucher seule, ça me fait chier.
Aimer et aimer vivre avec quelqu'une.
Aller au ciné et au noel des copains.
Ramasser des champignons et boire du thé.
Faire la sieste et lire des bds.
S'engueuler et se réconcilier.
Faire des wes que avec ses copines
se voir et puis ne plus se voir quelques jours.
S'appeler et dormir ensembles le soir.

 La solitude, ça me fait chier. Je suis contre.


Jules.



mardi 22 novembre 2016

Rédemption

Violer nos paroles d'amour intense.

Je l'empoisonne de mon fiel. Et nous laisse à terre. 
Moi dans la boue, elle dans les larmes qui ne coulent même plus.
Je suis figée de peur, mon cœur honteux et abattu
Et qui crache des larmes et des flammes d'enfer.

J'aimerais creuser la terre et y déposer ma souffrance. 
Refermer le trou, mettre du terreau
Et qu'y pousse alors une prairie et un château
Des fleurs sauvages en abondance.

Je veux ouvrir mon âme au surin aiguisé 
retirer la plaie qui suinte, immonde
désinfecté, suturé, cicatrisé
et enfin revenir au monde.

Modifier le cours de la  vie,
Rejouer la scène 
Et en faire une reine
Caresser sa peau et ses envies.

La blesser. La violenter. La perdre.
Me recroqueviller. Ne plus bouger.
Piétiner Brel et ses "ne me quitte pas". 
Saccager les champs de blé 1000 fois.
Couper l'herbe sous nos pieds.
La blesser. la violenter. La perdre.


Jules.

jeudi 17 novembre 2016

no doubt

La sentir s'endormir contre moi. Son souffle qui me chatouille, dans le cou.
Nos corps en silence, entremêlés de pieds, de mains, de seins, d'épaules.
Ses cheveux dans ma bouche. 
La nuit, je ne dors pas. Je me love contre elle.
Nos baisers du petit matin.
Le café chaud sur mes lèvres.
La couette comme une alcôve, loin du brouhaha du Monde.
Loin du quotidien.
Le au revoir du pas de la porte, le cœur serré, les mains qui s’enlacent, les yeux qui disent l'indicible et qui craignent ce regard, comme s'il fût le dernier.

Ne pas se retourner. Rouler dans le petit matin, en écoutant The XX.  Ne pas supporter la musique. Penser aux autoroutes la nuit, les clopes, nous et The XX. Éteindre.
Il y a de la brume dans la campagne, et les arbres sont jaunes et oranges. Ne pas attendre, ne pas se retourner. Ne pas se retourner et laisser aller, ne pas lutter et laisse vivre, ne pas lutter et laisser palpiter, ne pas lutter et laisser vivre, ne pas lutter et savoir le vide nécessaire, se laisser transpercer par le froid, se laisser pleurer. Ne pas douter. 

Je ne doute pas - ni de mon départ - ni de mon Amour.


Jules.

mardi 15 novembre 2016

Jordi Savall. Les Regrets

Alone is dark

Le matin, c'est dur.
le soir, c'est dur.
Entre les deux, je suis debout.

Jules.

Elle émoi

Me sentir si vide et perdue. Me sentir si pleine d'un Amour qui s'anoblit, qui s'épure. La laisser dans sa tristesse et ses choix. La laisser libre. Accepter de risquer de la perdre. Vouloir être heureuse seule, de me rapprocher de moi, de construire mon bonheur dans la solitude. Pour, peut être-ou pas, mélanger nos bonheurs ensembles. Someday. Après notre chemin de croix. Someday. Mélanger nos peaux de soie. Someday. Or not.

Jules.

lundi 14 novembre 2016

Autoportrait d'une écrivaine refoulée

les titres des livres que j'avais envie d'écrire et que je n'ai jamais écrit (mais il n'est peut-être pas trop tard !) :

- Sociologie de l'auto-stoppeur : étude sociologique commencée à mes 15 ans et jamais tout à fait finie, lors de mes nombreux, très nombreux déplacements en auto-stop dans le monde entier. Je prenais des notes des gens rencontrés, je posais milles questions et savais en général, en redescendant de la voiture, selon le temps imparti, leur arbre généalogique, leur parcours professionnel, leur rapport à leur mère, à leur père, leurs passions, la raison pour laquelle ils prennent les autostoppeurs, leurs goûts culturels, et un aperçu de leurs aptitudes à parler d'eux ou pas, leur curiosité envers autrui, leur adaptabilité à autre univers que le leur. Passionnant. C'est vrai que je suis très très curieuse.
 
- Les racines de l'âme : étude musicologique du lien universel entre le blues, le fado, le flamenco et le Kan ha Diskan. Je devais avoir 20 ans quand j'eus ce projet. J'avais très envie d'aller rencontrer, aux 4 coins du monde, les musiciens qui animent ces musiques populaires, et qui, à travers leurs voix, leurs chants, sont à l'unisson des peines, des joies du commun des mortels. Ces musiques, nées sur le bord de la route, au champs ou au coin du feu, nous racontent les mêmes choses, et transcendent alors les notions géographiques, les langues, pour ne laisser à nu que l'essence même de l'existence. Je voulais mettre en avant l'universalité des thèmes abordés, des choix harmoniques, des techniques vocales, des postures corporelles. Ecouter Camaron de la Isla, puis Denez Prigent puis Bessie Smith. Et ressentir la même émotion.
 
- J'ai longtemps eu envie de faire un court-métrage puis un livre sur le lien mère-fille sous forme d'interviews. Je voulais faire parler les filles de leur mère, puis ensuite, aller voir les mères et leur demander de parler de leur lien à leur fille. Cette idée m'est venue en parlant avec mes copines. Toutes avaient un lien complexe avec leur mère. Et sans en tirer de conclusions hasardeuses ou faire une généralité, souvent, dans mes rencontres, les filles disent toujours que c'est compliqué avec leur mère. Au lieu de commencer ce court-métrage, j'ai entamé une psychanalyse ! Je n'avais pas trouvé de titre pour ce projet.

- Parcours d'une cure : Projet de livre pour raconter mon expérience de la psychanalyse, et du processus de la cure, ces 10 dernières années.  Au delà du travail minutieux, difficile, et passionnant de la quête de soi, il est aussi fascinant de comprendre les mécanismes en œuvre dans un cabinet d'analyste, si souvent mécompris et déformés. Ça ne serait pas un livre théorisant mais plutôt la compréhension intime de quelqu'un qui n'est pas psychanalyste, qui n'a pas forcement les clés théoriques pour comprendre ce qui se trame -transfert/contre transfert- et cependant, qui les éprouve, ces mécanismes,  et les assimile, les incorpore et les comprend de manière intuitive, puis ensuite, s'en sert pour travailler ses propres problématiques. 

Pourquoi ne pas avoir écrit ces livres ?
Bing........allez, encore 10 années de psy.....

Jules.
 

samedi 12 novembre 2016

Freud or not ?

Mon psychanalyste m'a dit " trop d'apports et de lectures théoriques sont contreproductifs dans sa propre psychanalyse." Je vois bien l'unicité de chacun, et le piège qu'est la confrontation avec les grands textes psychanalytiques. On se met sous la loupe, on se scrute, on s'accable, on fabule, on extrapole, on fantasme, on se retrouve dans les grandes lignes, mais aussi on s'éloigne de son Désir propre, on se met à distance par les écrits, et on s'éloigne de sa propre vérité. C'est en moi que sont les réponses. Pas ailleurs. Ni dans les textes, ni chez mes proches-amies-amours. Et il est bon aussi de lâcher prise entre les séances pour laisser reposer, comme une bonne pâte qui doit lever. Le travail et la transformation s'effectue alors dans ces entre-temps, invisiblement. Et il faut vivre aussi. Rire-chanter-danser-jouir-manger-se laver-jouer du ukulélé-mater des séries-papoter.

Tiens, je vais aller prendre un bain..

Jules.

vendredi 11 novembre 2016

Sorrow

La mouvance du ciel image les battements de mon cœur. Et Léonard chante doucement The Famous Blue Raincoat. Je fume et fredonne avec lui. Le chat dort en boule. Je n'ai pas envie de dormir. La nuit, je veille. Je manque de sommeil. Au petit matin, très tôt, je bois des cafés, je lis des BD et j'écoute le vent souffler par la fenêtre. J'écoute ma voix silencieuse dans l'aube. Mes yeux veulent se fermer mais mon cœur les en empêche. Il est bon et dur de se laisser couler dans ce rien, dans cette attente. Comme dans un hall de gare. J'ai toujours aimé les gares, les chemins de fer, les rails, chercher son train, trouver sa place, s'y assoir puis observer les autres. S'embrasser sur le quai, se faire coucou par la fenêtre, puis le train démarre doucement et le paysage se met en mouvement et la personne sur le quai disparait, petit à petit. Mon billet en poche. Je vais monter dans un train prochainement. Plutôt la mélancolie bretonne que le vide berrichon.

Jules.

Leonard Cohen - famous blue raincoat

jeudi 10 novembre 2016

"Julieta", la nueva película de Pedro Almodóvar - Trailer oficial

Mommy

lui écrire. Pas lui écrire. Quels mots ? Mille fois répétés. des centaines de lettres écrites dans ma tête. Un fantôme au loin qui me hante. Comme si elle n'existait plus. Comme si je n'existais que par elle. Je ne ressens pas de tendresse, ou de compassion. La colère cependant s'adoucit. le temps fuit et les années avec, et les mots jamais dits, les "je t'aime" étranglés. Un jour, il est trop tard pour écrire. La lettre ne pourra plus être lue. Inéluctablement.
Comment réparer le lien ? Le bonifier ? Comment renouer ? Comment revenir, sans ramper -sans gloire- sans pitié - sans peur- sans jouissance ? Comment se mettre en face simplement ? Etre simplement. Pas à nue comme l'agneau qui vient de naitre, ni armé comme le soldat vers sa quête. Dans une justesse réconciliante envers moi, avant tout. Sais je qui suis je aujourd'hui ? Face à elle, je sombre dans les limbes des couches sales des émotions archaiques. Saurais je désormais faire taire l'enfant en sang pour faire place à l'adulte cicatrisé ?

Jules

 

Tomorrow

Ne pas ressasser.
J'ai envie de regarder mes envies, mes possibles, mes petits projets. Et faire la liste :

- Habiter autour de Rennes, à la campagne mais pas trop loin tout de même.
- Avoir une petite maison mignonne, chaude, avec un petit jardin pour les cafés du matin, sur le perron de la porte et les allers-retour du Chat.
- Accueillir des ami-e-s, organiser des poufs party again.
- Aller à la mer et manger des huitres assise sur les rochers.
- Voir mes ami-e-s souvent
- Aller danser et écouter des concerts
- Faire de la musique
- Militer
- Partir à New-York en vacances, et à Montréal aussi. 
- Me baigner l'été et aller à la plage
- Rencontrer des gens
- Aller à Ouessant
- Reprendre des études
- Faire une formation
- Changer de métier
- Donner des cours de musique
- Passer le we chez M&S, ou chez S&M
- Aller papoter à la librairie de R et trainer au pays.
- Monter un groupe de Bluesgrass et avoir les bras tous tatoués
- Me détendre, m'occuper de moi.
- Il faudrait aussi que je m'épile un jour....

Ca va être bien. 

Jules.



mercredi 9 novembre 2016

On the couch

sur le canapé rouge, je fumais en caressant ses cheveux.
sur le canapé rouge, on mangeait de la salade verte.
sur le canapé rouge, on parlait de tout et de rien.
sur le canapé rouge, on réglait nos comptes. 
sur le canapé rouge, on baisait.
sur le canapé rouge, on riait.
sur le canapé rouge.

Jules.

This Is The Kit: "Bashed Out"

le Verbe et les maux

Dans la grisaille des jours d'automne, j'écoute mon sang qui palpite, j'écoute comme je grandis. j'oscille et j'accepte les allers-retours d'affects qui me transpercent. Toute puissance/angoisse anesthésiante. Je sais que je suis à l'aube d'une nouvelle ère dans ma vie. Décider de partir enfin et de mettre un terme aux liens de dépendance du Berry. Aller dans mon choix, le mien propre. Prendre le temps d'organiser ce déplacement géographique. Analyser et comprendre les mécanismes qui empêchent depuis si longtemps ce déplacement : Rester pour une femme. Puis rester pour son psy. Rester par dépendance. Je sais que je vais partir plus libre que jamais. C'est définitif. Les dés sont lancés. Je vais apprendre l'indépendance. Je suis capable aujourd'hui de m'occuper de moi, je dois apprendre à déterminer ce qui est bon ou pas pour moi. Sans attendre de quelqu'un, des réponses qui me sont propres, intimes, enfouis. Je comprends par la théorie,qu'au stade de la primo enfance, la mère est la personne qui détermine ce qui est bon ou pas pour son enfant. Le nourrisson lui, est dépendant, ne peut pas élaborer une pensée pour savoir ce qui est bon pour lui ou pas. Il attend intuitivement que la réponse vienne de sa mère. Puis, le nourrisson grandit, et petit à petit, va apprendre à s'individuer, à devenir de plus en plus indépendant.

Mon développement psychique s'est mal construit à ce stade de primo dépendance, dans une souffrance liée à un évènement traumatique pour un nourrisson, d"une séparation brutale et longue (dans la relativité d'un bébé d'un mois), entraînant absence totale de la mère pendant 10 jours, sevrage brutal, puis remise au sein ensuite. allers-retours : trop plein/ trop vide. Fusion/Défusion. 40 ans plus tard, je ne fonctionne que ainsi. dépendance, fusion/défusion. Avec l'insécurité permanente, l'intensité de la fusion, la toxicité de la fusion, la grande souffrance de la défusion, le néant et la mort symbolique de la défusion.
Travailler sur ces mécanismes, analyser, mettre des mots, mettre à distance, évacuer les émotions, les remplacer par une compréhension cognitive.

Le Verbe fait sens, et me sauve.

Jules.

mardi 8 novembre 2016

Théorisation de l'abandonnisme



Comme l’a défini de manière limpide Germaine Guex (1973), l’abandonnique est celui qui envisage tout et tous (souvent à commencer par lui-même) sous le registre de l’abandon vécu ou redouté. Il s’agit d’un problème affectif majeur, à connotation agressive et masochiste. Nous sommes confrontés à une avidité affective dont le patient n’a guère conscience, et qui le mène à la dévoration de l’autre : cet autre, c’est le thérapeute, l’éducateur, le parent nourricier, le partenaire de vie, c’est-à-dire, nous tous qui sommes interpellés par son angoisse, par sa crainte d’abandon, par son comportement régressif, par son oscillation permanente entre une attitude de toute puissance et l’expression d’un grand désarroi, et par son incapacité à s’attacher réellement. Michel Lemay (1979) a fort bien souligné la difficulté d’être cet « autre » face à l’abandonnique. Le problème de l'abandonnique est que s'attacher signifie pouvoir perdre, donc ajouter une brique à l'édifice abandonnique. Il s'agira dès lors d'abandonner avant d'être abandonné, de "mettre à l'épreuve pour faire la preuve" (G.Guex), en développant des exigences sans limites. Germaine Guex  indique clairement que "l'abandonnique, par définition, ne peut aimer de façon oblative : il tyrannise, exige, revendique sans cesse, le compte ouvert de son enfance ne se bouclant jamais. le bilan se clôt invariablement par un dû. "Quant à l'angoisse omniprésente, c'est l'angoisse primaire par excellence, lié à l'incapacité de l'enfant à satisfaire ses propres besoins, et de se défendre contre les menaces du monde extérieur. Elle est immédiate, et constitue un débordement d'émotions difficiles à endiguer. "Sous le coup d'une menace de frustration, l'abandonnique régresse immédiatement au stade de l'impuissance primaire, et son Moi, envahi par l'émotion, ressent le malheur comme inévitable et déjà consommé." (G.Guex)

Le monde intra-psychique du tout petit enfant n'a pas été vraiment exploré par Freud. Il n'en a fait que des extrapolations à partir d'adultes, de façon très incomplète et souvent erronée. C'est après lui, grâce à Mélanie Klein et surtout à Winnicott, pédiatre et psychanalyste, que l'on est arrivé à une certaine compréhension du développement psychique de l'enfant. Winnicott a étudié les besoins changeants de l'enfant dont la dépendance initiale doit se transformer en indépendance, et il a essayé de comprendre quels étaient les facteurs qui entravaient l'autonomisation ou mieux l'individuation du petit enfant. Il montre que le processus d'évolution devrait conduire tout naturellement vers l'indépendance et l'aventure. Tout ce qui contrarie ce processus sera à l'origine de troubles psychiques plus ou moins graves, allant des troubles caractériels et névrotiques à la psychose, donc à différentes formes de dépendance. Winnicott a montré que ces troubles et ces différentes formes de dépendance ultérieures chez l'adolescent et chez l'adulte résultaient aussi bien de carences infantiles dues à l'absence, l'insuffisance de la mère, le manque d'amour et de sécurité, qu'au trop, ou trop-plein, c'est-à-dire à la surprotection, à l'étouffement de l'enfant par une mère qui, à cause de ses propres besoins, ne peut pas se séparer de son enfant. La mère absente d'un côté, le vide; la mère abusive de l'autre côté, l'étouffement.  
Si l'on a tant de peine à devenir autonome, recherchant toujours une dépendance, c'est aussi que l'on n'a pas vécu de façon normale la problématique de la séparation dans son évolution de petit enfant. On ne peut renoncer au sein, ou couper symboliquement le cordon ombilical de la mère bonne et nourricière, c'est-à-dire s'en séparer qu'en intériorisant son image et son amour. Ce qui donne une force et une assurance intérieure qui permettront par la suite d'accepter les manques, les frustrations. Si cette problématique n'est pas résolue, les circonstances de la vie rappelleront ultérieurement les situations traumatiques anciennes de séparation. Ainsi, les pertes d'amour, de protection, les deuils, les changements de situation sociale ou professionnelle, les désapprobations par une personne chère, la solitude, le rejet, toutes ces situations de la vie peuvent être éprouvées comme des pertes graves, irréparables, comme un abandon. J'en arrive ainsi à ce cas particulier de la dépendance qu'est l'abandonnisme, cas particulier peut-être mais très impressionnant de par ses manifestations théâtrales, dramatiques, et souvent si paradoxales qu'il est difficile de les comprendre. 

Sources : le syndrome d'abandon, Germaine Guex, 1973, PUF.
La mère suffisamment bonne, Donald W. Winnicott.

Jules.

Binocles

Chausser ses lunettes. Se regarder faire. Impuissante.
Fouiller. démêler la pelote de laine. tirer des ficelles d'histoire personnelle, et arriver toujours au même endroit. Abandonnique. Un nouveau mot dans mon vocabulaire cette année. Lire Winnicott, Dolto, Germaine Guex. Paniquer. Comprendre par ce prisme l'ensemble de mon être, dans mes intimités, dans mes choix et ma personnalité. tisser la trame. Comme une clairvoyance impitoyable. Adulte en galère, envahie par la petite fille abimée, en colère, en souffrance, en demande, en dépendance primaire. Stade préœdipien. 4 ans de psy. Et enfin, comprendre pourquoi tout ça. Se savoir juger par des proches, des amis, pour tant de remous et de tempêtes et ne pas pouvoir expliquer le processus, bien trop intime et complexe. Avoir honte. Profondément.
Il n'y a que A. qui a compris, dans l'épreuve. Et B., qui m'accompagne en tant qu'analysante.

Avoir trouvé sa montagne. Se mettre en mouvement de transformation. Savoir que la réponse est dans le chemin, et qu'il sera long. Et solitaire.

Jules.

Poison et Antidote

Auprès d'elle, je comprends, j'ajuste, j'expérimente, j'analyse et je répare la blessure, à petits pas, dans le silence de la micro transformation qui s'opère en moi. Je parle, j'élabore, j'exprime, j'écoute, je sais, j'avoue, j'assume, j'apprends, je grandis, je répare la blessure. Elle est là, elle comprend, elle compatis, elle écoute, elle me rassure, elle m'aime et me donne la main. Je me trouve, me rapproche de moi. Je me rapproche d'elle. Je l'aime.

Auprès d'elle, je souffre, j'ai peur, je revis la souffrance traumatique du nourrisson que je fus, j'extirpe la souffrance, par mon corps et ma tête. je pleure, je douille, je flippe, je suis terrorisée, je fusionne, je tyrannise, j'exige, j'oppresse, je presse, je tremble, je suffoque, je meurs, je deviens vide et néant. Je quémande. Elle explose, elle étouffe, elle me jette, m'efface, me squeeze, m'évite, me déteste. Je me perds et me noie. Elle se perd et se noie. Je ne l'aime plus.

A m'a demandé de partir. le lit est vide d'elle. Mon souffle est coupé. Je me sens calme. Étrangement calme. Anesthésiée.

Ma vie est un éternel champ de bataille, où je me noie dans les méandres de mon errance affective, de mon immaturité, de ma dépendance fusionnelle.
Je vais me réparer seule. Il le faut. Il faut que je trouve mon vrai self. "Je" dois prendre vie. Il est temps de remettre en ordre mon chaos.

Elle est mon poison et mon antidote.

Jules.